Conclusion
Le bioéthanol E85 ne peut être qu'une solution partielle dans la lutte
contre les émissions de CO2. Son principal défaut est sa quantité d’énergie par unité de volume 30% inférieure à celle de l’essence, d’où une surconsommation de
carburant et un passage à la pompe plus fréquent. Même si la consommation devrait
évoluer à son avantage, la transformation industrielle de l'éthanol rejette plus de CO2 que l’essence et sa combustion émet une quantité comparable de CO2 à celle
de l’essence.
Sa production nécessite des surfaces cultivables importantes et une
agriculture intensive souvent polluante. Face à cela, la majorité des
Etats optent pour la poursuite de l’utilisation de l’essence. Nombreux sont les
pays qui, comme la France, ne peuvent pas se permettre de posséder des surfaces
de récoltes considérables, contrairement à des territoires de taille
continentale tels que Brésil ou les Etats-Unis. Cet inconvénient, péremptoire,
ne cache pas son avenir peu prometteur en France, d’autant plus que dans notre
pays le blé, l’une de ses principales ressources agricoles, présente un
rendement plus faible que la canne à sucre exploité au
Brésil.
Cependant l’E85 a de réels atouts écologiques par rapport à l’essence, notamment en ce qui concerne les émissions de CO2. Il est en effet produit principalement à partir de matières agricoles renouvelables, n’entraînant donc que peu d’émissions de CO2 d’origine fossile. Mais surtout, le CO2 issu de sa combustion dans les moteurs augmente peu l’effet de serre, étant donné qu’une grande partie a été absorbée par les plantes durant leur croissance, par photosynthèse. Ainsi, au Brésil, où les sites de production de bioéthanol coproduisent de l’électricité résultant de la combustion du principal coproduit de la canne à sucre : la bagasse, la réduction globale de CO2 par l’E85 dépasse les 100%. Dans le cas français on estime cette réduction, qui reste considérable, entre 60 et 75%, l’objectif à moyen terme étant également de dépasser ces 100%.
Le développement du bioéthanol se heurte au besoin des surfaces cultivables pour l’alimentation. Même s’il subsiste des inconvénients concernant le bioéthanol E85, celui-ci demeure une voie très prometteuse à développer. On parle déjà de carburants de seconde génération visant à éliminer le problème alimentaire. Pour cela la production de ces carburants est basée sur la valorisation d’éléments inutilisés de la biomasse : de nouvelles plantes ou éléments de la biomasse et des parties des plantes inutilisées. Plus particulièrement la lignocellulose (bois, pailles…) qui semble une voie privilégiée, car c’est une matière première abondante peu exploitée économiquement, peu exigeante pour sa culture et non compétitive avec l’alimentation.Les premiers sites de production d’éthanol ligno-cellulosique sont déjà ouverts en Europe, aux Etats-Unis et au Canada. D’autres pistes de biocarburants sont en cours de développement comme le BTL (Biomass to liquid) qui consiste à transformer n’importe quelle source de biomasse en carburants liquides avec un rendement très élevé.
Le bioéthanol E85 permet donc une réduction significative de CO2 fossile et ouvre également une voie de recherches très prometteuse dans le domaine des carburants écologiques.